Exposé sur l'armement Un scénario illustratif
Par Alain Coldefy, le 19 février 2014.
SCÉNARIOS
7/7/20248 min read
Introduction
A l’exception d’un catastrophe naturelle, par nature peu prévisible (Tsunami) ou d’une crise se situant dans une zone hors du champ de surveillance des services (par ex Timor en 1999) les crises pote ntielles pouvant impliquer la France font l’objet d’un suivi attentif et d’une « anticipation stratégique » destinés à ne pas prendre au dépourvu les autorités militaires diplomatiques et politiques quand elles surviennent.
La surprise stratégique, oui, l’impréparation, non.
Il faut bien voir dans le même temps que, contrairement à ce que certains pensent, la France ne peut se soustraire à ses obligations (ONU membre permanent du Conseil de Sécurité ce qui lui permet de donner son avis voire son veto sur tous les sujets) et surtout à la protection directe ou indirecte de ses intérêts dès lors que l’équilibre d’une région est fragilisé, que ses sources d’approvisionnement énergétique, ses lignes de commerce, ou ses ressortissants sont menacés.
Or la France est la seule en Europe avec le Royaume-Uni à vouloir être acteur de son destin, ne pas se remettre au diktat de la principale puissance de son camp, et elle est la seule puissance occidentale à n’intervenir par principe qu’en fonction de la légitimité internationale que confèrent un mandat, une résolution, une opération de l’ONU.
Pour qu’elle n’intervienne pas seule, il faut que ce soit
Au sein d’une coalition dirigée par les USA et le plus souvent dans le cadre de l’OTAN
En coopération avec le RU (ce qui est militairement le plus facile) quand nos intérêts stratégiques convergent ce qui est exceptionnel en temps de paix
Dans le cadre d’une opération de l’UE, cas rarissime
Mais ses moyens sont beaucoup trop sous tension actuellement et ses ambitions reflètent des capacités construites avec les derniers budgets de la guerre froide (près de 4% du PIB sous Rocard), régulièrement rabotés depuis quelle que soit la majorité élue sans véritable choix stratégique analogue à celui du général de Gaulle (dissuasion, espace, nucléaire avec une armée de terre à 1 million d’hommes en1962) alors que la mondialisation (économique, humaine, technique) sans frontières n’est pas retenue comme le facteur principal au 21éme siècle.
Ceci ravit les américains et la quasi-totalité des européens qui n’acceptent pas notre autonomie politique appuyée sur nos forces armées.
A noter que les membres permanents du conseil de Sécurité sont les seules 5 puissances mondiales à se doter de porte-avions, de SNLE et de SNA, outils indispensables à ce statut.
Le scénario de la Jasminie
La situation actuelle
Le président de l’Assemblée nationale constituante, a ordonné la publication de la nouvelle Loi fondamentale dans un numéro spécial du Journal officiel de la République (JOR) lundi 10 février 2014. La Constitution entre en vigueur immédiatement après cette publication, aux termes de l’article 147.
De nombreuses dispositions de la nouvelle Constitution ne peuvent toutefois pas entrer immédiatement en vigueur, étant notamment tributaires de l’élection d’un nouveau Parlement et d’un nouveau président ou de la formation de nouvelles institutions, comme la Cour constitutionnelle.
La Jasminie émerge tout juste d’une année tourmentée, marquée par l’assassinat de deux opposants de gauche et la mort dans des attaques attribuées à des jihadistes d’une vingtaine de soldats et de gendarmes.
L’adoption le 26 janvier d’une nouvelle Constitution, trois ans après la révolution, et la formation d’un gouvernement apolitique devant mener le pays vers des élections générales ont signé le début d’une sortie de crise.
Le parti islamiste arrivé en tête des premières élections après la chute du président précédent, a remis le pouvoir aux termes d’un accord âprement négocié et des mois de pénibles pourparlers.
Un scénario
Des terroristes opposés au processus démocratique créent des troubles graves lors des élections
Des ressortissants français sont tués, sans que l’on puisse avec précision déterminer s’ils étaient visés en tant que tels ou non.
Le gouvernement Jasmin demande l’aide internationale et une aide militaire de la France comme la RCA quelques mois plus tôt.
La cellule de crise du Quai d’Orsay s’était réunie plusieurs fois depuis les élections et les diplomates avaient exprimé leur inquiétude dans le dossier du conseil restreint destiné au chef de l’Etat.
La défense avait mis en avant une possible rupture de ses capacités, en particulier au plan logistique (transport, santé, carburants, rechanges, munitions) au plan des soutiens terrestres (artillerie, génie) et dans ses capacités à commander. Elle recommandait un déploiement maritime préventif de moyenne puissance (une frégate et un pétrolier) au large des côtes du pays Jasmin, à une journée de mer de Toulon où le porte-avions et un BPC étaient disponibles à 48heures.
Au cours du conseil restreint il est apparu que les contacts avec les alliés n’avaient rien donné de positif, que la directrice du SGAE Cathy Ashton n’était pas intéressée et que le gouvernement italien en cours de constitution faisait la sourde oreille
L’Allemagne refusait toute action même en mer ainsi que l’Espagne
L’Algérie en plein processus électoral pour l’élection du nouveau président n’avait pas été contactée
La France est une fois de plus seule
La situation se dégrade beaucoup plus vite que prévu et le scénario d’attente n’est plus recevable
L’arme aérienne est prête mais il n’est pas question de reproduire des attaques même ciblées comme en Libye en 2011 : Jasmin a demandé une « aide »
Il va falloir mettre sur pied une force interarmées à forte composante terrestre pour aider l’armée jasmin à sécuriser son propre territoire, avec la différence importante par rapport à la RCA : la population est plutôt du côté des autorités élues, mais elle ne comprend pas l’appel aux troupes françaises sur son sol. C’est le cas le plus difficile car il demande des effectifs nombreux que l’armée de terre n’a plus – et c’est en dehors de son contrat – mais le Président, conforté par le succès de sa visite aux Etats-Unis n’entend pas décevoir ces derniers dont l’aide n’est pas totalement acquise dans les domaines de faiblesse (renseignement, observation)
Or l’analyse est simple : un nouvel épisode sanglant dans ce pays contribuerait à déstabiliser une région en crise, où les mouvements terroristes délogés de leur sanctuaire au Mali et bousculés en Libye, n’ont pas l’intention de se laisser faire.
Alors ….quelle est la situation ?
Capacités des armées françaises
– Le modèles d’armée 2025
Les capacités ont été définies dans le Livre Blanc de 2013 qui prévoit un modèle d’armée pour 2025 articulé comme suit :
Commandement d’une composante de niveau corps d’armée Terre Air Mer (les armées se sont dotées de ces capacités au début des années 2000 en prévision du retour dans la structure militaire intégrée et pour assumer des responsabilités en coalition (c’est pour les « alliés « le permis de commander » indispensable, certifié par l’Alliance après examen) au titre de la NRF
Renseignement : Traitement de l’information, effort sur les composantes spatiales et aériennes (ROIM MUSIS et ROEM CERES)
Cyber défense
Forces spéciales effectifs et moyens renforcés
Forces terrestres : 66000 h projetables dont Forces spéciales terrestres, 7 brigades interarmes (2 coercition, 3 multi rôles, 2 légères) pour 13 aujourd’hui et deux états-majors de division et un de corps d’armée ; 200 chars lourds, 250 chars médians, 2700 blindés multi rôles, 115 hélicoptères de manœuvre, 140 hélicoptères reconnaissance et attaque, 30 drones tactiques
Forces navales : Dissuasion FOST (3 lots de missiles) et FANU (force aéronavale nucléaire 1 FLO RFL ASMPA) ; 1 PA, 4 SNLE, 6 SNA, 15 Frégates, 15 patrouilleurs, 3 BPC, Patmar et guerre des mines
Forces aériennes : Dissuasion FAS 2 escadrons ASMP A ; Protection la DA du territoire ; 225 avions de chasse (Air et Marine), 50 ATT (Transall puis A400M), 12 MRTT (C135 puis A330), 4 AWACS, 3 E2-C Hawkeye (Marine), 12 drones théâtre, 8 SAMP
Pour des effectifs militaires et civils passant de 280000 à environ 240000 d’ici 2019. Plus de 50% des militaires sont en CDD et la réduction 2009-2019 est supérieure à 60000
Le contrat opérationnel des armées françaises est le suivant
Des missions permanentes :
Dissuasion à deux composantes et trois forces
1 force océanique en opérations permanente depuis 1972
1 force aérienne « Air » en alerte permanente depuis 1964
1 force aéronavale en attente
Protection : une posture permanente de sureté (~environ 1350 militaires TAM)
terrestre (10000h en renfort des forces de sécurité intérieure et protection civile en cas de crise) ; plan VIGIPIRATE terrestre: environ 700 militaires des trois armées 450 en Ile de France ;
200 dans les diverses régions du pays.
Leur mission est de participer au renforcement de la sécurité en effectuant des patrouilles dans les ports, les gares, les aéroports ainsi que dans un certain nombre de points sensibles.
aérienne : la défense aérienne (PPSA)
8 avions de combat
5 hélicoptères
1 avion C135 et 1 avion E3F AWACS
maritime : action de l’état en mer (VIGIMER)
3 bâtiments ;
59 sémaphores
1 avion de patrouille maritime.
et 30% des heures de mer annuelles de la Marine (drogue, pollution, trafics, contrôle, etc.)
Ce dispositif d’alerte permanent pour la défense aérienne et maritime se caractérise par le contrôle de l’espace aérien : patrouilles aériennes et surveillance des zones sensibles (centrales nucléaires) et surveillance des approches maritimes et des ports + intempéries, feux de forêt, Harpie, etc…
cyber défense
Prévention :
déploiement naval permanent dans une à deux zones maritimes,
forces de souveraineté sur le territoire national
forces prépositionnels en territoire étranger – la base interarmées des EAU et les bases permanentes en Afrique
Connaissance et anticipation :
Capacités de veille stratégique et de moyens de surveillance et d’interception électro magnétique (satellites, drones de théâtres et tactiques, systèmes d‘interception, charges utiles pour aéronefs et bâtiments de surface et moyens terrestres
Des missions non permanentes selon la gradation suivante
Intervention « réaction autonome aux crises » :
FIRI (Force Interarmées de réaction immédiate) de 2300h sur 5000h en alerte « échelon national d’urgence » projetable à 3000km en 7 jours du territoire ou d’une base à l’étranger. Avant 7 jours, moyens aériens ad hoc.
FIRI = GTIA TERRE 1500h blindés et hélicoptères, groupe naval BPC, ATT, PATMAR et RAV + moyens de C² associés
Intervention en coalition et autonome :
Simultanément et dans la durée deux ou 3 théâtres distincts dont un en contributeur majeur
Soit au total : Forces spéciales – une brigade interarmes (6 à 7000h) avec blindés à roues, chars médians, appui feu hélicoptères d’attaque et de manœuvre – une frégate et un BPC Group, 1 SNA – 12 avions de chasse répartis – plus frappe à distance par moyens PTF aériens et navals
Opération de coercition majeure :
Préavis 6 mois – capacité d’entrée en premier dans les trois milieux – capacité de commander en coalition – capacité de ciblage et frappe dans la profondeur
FS – 2 brigades interarmes (15000h) + alliés France assurant le commandement – 45 avions de chasse dont aéronavale – le PA, 2 BPC, des frégates, 1 SNA et des Patmar ensemble dont la permanence pourra se faire dans le cadre de Lancaster House – moyens de commandement, de renseignement et de logistique (transport, santé, essence, munitions, rechanges)
A l’issue de cette opération à durée limitée, la France devra déployer les forces d’une opération de crise dans la durée.
Les moyens financiers qui sont prévus
364Mds€ 2013 sur la période 2014-2025
179Mds€ 2013 sur la période 2014-2019 LPM
Croissance 0 valeur pendant 3 ans avec des ressources exceptionnelles de 6Mds€ difficilement réalisables en temps de crise économique
Les tensions sur le modèle
Ressources humaines
Ressources financières
Organisation et restructurations
Equipements
Les engagements actuels en opérations extérieures
Environ 8000 h en opérations extérieures au 20 janvier 2014
Mission
Un groupe de réflexion économique, politique et sociale.
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