Interventions
MONNAIE PLEINE
7/7/202410 min read
Intervenant 1
“Je voudrais dire quelques mots sur l’initiative monnaie pleine pour tenter d’arriver à une vision d’ingénieurs sur le sujet, revenir au mot, revenir à la loi. Il y a des éléments qui peuvent être très complexes mais on peut revenir à quelque chose de plus simple. Certaines personnes pensent qu’une banque est un « vestiaire à argent ». Dans un vestiaire, nous déposons nos vêtements, nous recevons un ticket, et quand nous repartons nous récupérons nous vêtements sans qu’ils n’aient été utilisés par une autre personne. Jusqu’il y a une dizaine d’année, une banque c’était pareil. D’ailleurs, le rôle ancien d’une banque était bien de « conserver » les biens.
Or, ce n’est pas du tout comme ça que cela se passe. Quand vous amenez votre billet au guichet de la banque, elle ne va pas le déposer sur un cintre avec une pince à linge. Non. La banque est devenue comme un casino. Dans un casino vous donnez votre billet et récupérez en échange des jetons en plastique qui sont la monnaie créée par le casino. Si le casino disparait il vous reste les jetons en plastique. La banque elle ne vous donne même pas les jetons, elle inscrit uniquement les chiffres sur un relevé de compte. Ce n’est donc plus un dépôt, les mots ont leur importance. »
Intervenant 2 (intervention faite à distance par internet)
“Unfortunately, the government is not the only body which can create money. It is important in the modern days, because more than 90% of the money in circulation is created by private banks every time they create a loan. The definition of banks tells us that banks simply are an intermediary to transfer money from a saver to a burrower. If that were true, then loan would not create more money and the demand would simply go from being express from a demander to a burrower. That is not the case. (…). When a burrower gets his loan, what he does is spending his money which goes in circulation, increasing demand. That grow would be positive if this money was spent wisely. But at the time banks were becoming less responsible in how they lent, now we can see speculation. This has given us a financial system which drains the productive sector which generate real unemployment. (…) The only solution is that the government completely take over the money creation. So, I support the swiss referendum.”
Intervenant 3
« Il faut penser aux terriens qui habitent cette planète Terre et, il est vrai la financiarisation, la banque, la haute finance … emploient un jargon propre à elles- mêmes qui est incompréhensible pour l’ensemble des humains. C’est une complexification volontaire et maligne des mots pour mettre la clarté dans la confusion et la confusion dans la clarté, pour que le citoyen moyen ne puisse pas comprendre comment cela marche ! Nous, nous sommes tous touchés par la haute finance, elle redescend en cascade. Il faut revenir au keynésianisme, c’est-à-dire donner par le bas pour que ça remonte et non l’inverse.
Ce qui m’inquiète aujourd’hui c’est que nous sommes en train de danser sur un volcan car on m’avait appris que la masse monétaire mondiale changeait de mains tous les vingt-cinq jours. Aujourd’hui nous savons que l’équivalent de la masse monétaire, soit quinze fois le PIB mondial, change de mains tous les jours. Il y trois trillions de dollars qui circulent d’un côté à l’autre de la planète en nanosecondes. Ma question est simple. Puisqu’il y a un choc systémique qui peut survenir suite à n’importe quel fait politique ou économique, comment pensez- vous que l’on puisse ramener de l’ordre dans ce « bordel » ?
Intervenant 4 Patrick MIGNON
« Ce que j’entends me terrifie. Jean-Pierre Gérard nous a expliqué qu’il y avait un PIB mondial de 80 000 Milliards de dollars, qu’il fallait à peu près trois fois ce PIB pour que ça fonctionne. La pyramide est inversée. Le financier dirige l’économie, l’économie « sert le kiki » au politique qui finalement fait que ce que le financier lui demande. Il faut ré inverser cette pyramide. Il faut que le peuple puisse gouverner, qu’il soit en haut de la pyramide, qu’il dirige le politique, qui lui-même dirige la finance. Et je pense que cette initiative de monnaie pleine » peut en être la solution. »
Intervenant 5 Gérard FOUCHER
« Je voudrais répondre en quelques mots à M. Sterdyniak qui se demande pourquoi si cette réforme est si bien n’a-t-elle toujours pas été mise en place. Il faut les comprendre les banquiers ! Vous êtes les souverains, le prince, le roi, vous mettez votre « tronche sur des rondelles en ferraille » et avec ça vous achetez ce que vous voulez. Avec ça vous allez vous faire construire un palais, faire construire des routes pour y ramener toutes les ressources. Il faut se mettre à leur place. Si vous aviez le pouvoir de créer la monnaie « sans rien foutre », que feriez- vous ? Premièrement vous en donneriez à tous vos copains, puis vous choisiriez qui financer ou non. Vous allez financer les gens qui vous mettent en valeur et non financer ceux qui veulent vous détruire.
Donc pourquoi une réforme comme celle-ci n’a jamais été mise en place ? Parce que quand vous créez la monnaie, vous choisissez les médias, les journalistes, vous choisissez tout. Et en plus, le plus important car cela touche à notre souveraineté de citoyens, c’est le fait que c’est le banquier qui choisit comment et qui financer. Tous les jeunes qui ont des projets de transition écologique par exemple pour changer en dix ans notre monde, sont-ils financés ? Non ! Car moi en tant que banquier, ce qui m’intéresse c’est de préserver ce qui existe, préserver les gens qui me paient, cela ne m’intéresse pas de préserver les gens qui changent les choses. Cela veut donc dire que le banquier choisit ce qui va exister ou pas, dans notre futur commun. Le résultat c’est le monde que nous avons autour de nous. Et là, la démocratie, il n’y en a pas. »
Intervenant 6 Marc RAYNAL
« Pour détendre l’atmosphère je vais vous expliquer comment une banque gagne actuellement de l’argent avec un exemple concret et vous faire ensuite une proposition.
Admettons que vous êtes banquier ou vouliez le devenir, et que vous avez un capital de 100 000 euros pour démarrer vos affaires. Vous êtes installé, vous démarrez vos affaires. Combien allez-vous pouvoir prêter ?
Si vous n’êtes pas banquier, vous pouvez prêter vos 100 000 euros, pas plus, disons à un taux concurrentiel de 2%, vous procurant une rémunération très modeste de 2000 euros par an.
Si vous êtes banquier vous allez pouvoir bénéficier du système des réserves fractionnaires qui va vous permettre de multiplier votre capital comme par magie. Si on prend le dispositif de Bâle II vous allez être limité par le ratio de Cook de 8% qui est le ratio de garantie de capital. Cela signifie que le ratio total de l’argent prêté divisé par le capital que vous possédez est de 8%. Si vous prêtez 100 € vous devez avoir 8 € de capital. On multiplie le capital par 12,5. Maintenant avec Bâle III, c’est plus complexe, mais en gros ce coefficient est passé à 33,3. Mais restons sur ce coefficient de 12,5 ce qui est déjà pas mal.
Donc si vous avez 8 € vous pouvez en prêter 100. De même, si vous avez 100 000 € vous pouvez en prêter 100 000 x 12,5 = 1 250 000. Alors 1 250 000 € prêté à 2%, ça rapporte 25 000 € par an. Donc finalement avec seulement 100 000 € de mise de départ, vous gagnez 25 000 € par an. Sans optimiser et en travaillant un jour par an, vous bénéficiez d’un taux réel de 25% par an. En quatre ans, vous avez doublé votre capital, en huit ans vous l’avez quadruplé, en 12 ans vous l’avez multiplié par 8, en seize ans vous l’avez multiplié par 16, j’arrête là. Et tout cela sans rien optimiser et en travaillant un jour par an.
Comment cela est-il possible ? Eh bien c’est grâce au privilège de l’émission monétaire qui donne le droit de créer de la monnaie ex-nihilo. Si vous essayez de faire cela avec des pièces ou des billets, le tarif du code pénal est de 20 ans de réclusion criminelle. Par contre avec de la monnaie électronique, c’est permis.
Alors maintenant que le business plan est posé, il est proposé une chose à cette noble assemblée et dans ces murs qui ont un caractère bien particulier depuis la révolution française : faire sauter le privilège de l’émission monétaire.
En nous accordant, à tout un chacun, ce même privilège qui n’en sera plus un, de l’émission monétaire. Je pose demain 100 000 euros à la Banque de France, et vous me donnez le droit d’émettre sous contrepartie 1 250 000 euros que je pourrai prêter à mon boulanger, mon plombier, mon restaurateur pour étendre leurs activités. Aujourd’hui les banques ne leur prêteront rien, car elles préfèrent « investir » dans les produits dérivés, qui représentent plus de 100 fois la masse monétaire plutôt que dans l’économie réelle. Demain, la libéralisation de la création monétaire pourra refaire partir l’économie, et des gens comme nous, pourront également gagner confortablement leur vie tout en satisfaisant des besoins de la vraie économie.
J’en ai fini, merci de m’avoir écouté. »
Réponse de M. STERDYNIAK
« Je voudrais tout de même vous dire que le métier de banquier n’est pas si simple que cela. Quand vous faites un crédit, cela va vous rapporter 4%, vous devez trouver des dépôts, soient à termes donc que vous devez rémunérer. Étant donné qu’il y a une concurrence sur les marchés financiers, l’écart entre ce que vous devrez payer au dépôt à termes et le crédit sera relativement faible en période ordinaire. Par ailleurs la gestion des moyens de paiements (chèques, distributeurs…) est coûteuse pour les banques. Contrairement à ce que vous croyez, le métier de banquier n’est pas si rentable, étant donné que nous sommes dans un milieu concurrentiel. D’un côté, nous recevons effectivement l’argent du crédit mais de l’autre il faut payer les dépôts. »
Intervenant 7
« La spéculation des biens communs n’a-t-elle pas commencé par le vote dans chaque pays des lois Rothschild-Pompidou (1973), qui interdit à tout pays, à tout état d’emprunter sans coût, sans frais des masses monétaires ? »
Réponse de M. GOMEZ
« Personnellement je suis partisan de la monnaie pleine, mais dans un système à réserves fractionnaires, vous ne pouvez pas laisser l’État créer de la monnaie de base de manière autonome parce que sur cette monnaie de base va se créer de la monnaie bancaire et vous perdez totalement le contrôle de la masse monétaire. Donc ceux qui critiquent cette loi Georges Pompidou n’ont vraiment pas compris ce qu’était la création monétaire ! »
Réponse d’un autre intervenant
« Ce n’est pas aussi simple que ça. Tout d’abord on le sait, la loi de 1973 a été transformée par le traité de Maastricht. Il y a tellement de choses qui sont imbriquées dans cette histoire. Comme les financiers nous le disent, la monnaie est quelque chose de très compliqué justement pour que le citoyen de base ne puisse pas s’en mêler concrètement. Donc cette loi de 1973 a quand même son importance malgré ce que dit M. Gomez, car c’est à partir de ce moment-là que la dette va prendre des proportions phénoménales. Il y a un certain André-Jacques Holbecq qui a, dans son livre La dette publique, très bien démontré cela en montrant la corrélation où, justement, l’État s’endette, puisqu’il laisse cette création monétaire. Le trésor public ne plus demander à sa propre banque, comme faisait Georges Pompidou avant cette loi, pour pouvoir financer les grands projets par exemple. Quand M. De Gaulle disait « maintenant l’administration suivra », cela voulait dire tout simplement qu’il était bien conscient que l’État avait le contrôle sur la monnaie et que les banques, à l’époque n’avait un contrôle que relativement infime : la part de monnaie créée par le système fractionnaire était pour les entreprises et les particuliers et non pour les États. C’est à partir de ce moment-là que l’état est devenu comme une municipalité aujourd’hui, puisqu’ils sont obligés d’emprunter sur le marché monétaire international. »
Intervenant 8
« Je vais peut-être en surprendre certains, mais j’ai la définition de la monnaie : il faut se concentrer sur l’étymologie. « Monnaie » vient de
moneo qui signifie « faire souvenir » ou « avertir ». Donc quand on se concentre réellement sur la définition de la monnaie, il s’agit d’une « mémoire de valeur » échangeable dans une communauté de confiance.
Quand on dit qu’on ne peut pas donner de la monnaie à des citoyens, c’est faux étant donné que cette monnaie n’est pas basée sur une valeur, donc on peut créer. Comme nous sommes dans un monde de surproduction, donner de la monnaie ne peut pas créer de l’inflation, cela peut simplement élever le niveau de l’économie.
Simplement, je suis pour la monnaie pleine. Il faudrait qu’il y ait deux monnaies en circulation : la monnaie pleine, et la monnaie privée des banques. »
Intervenant 9
« Pour ce qui est de la dissociation des fonctions bancaires, je constate quand même que la crise de 2008, qui a été une crise du crédit, n’a pas touché la confiance dans le trafic de paiements. Je suis convaincu que lors de la prochaine crise, car il y en aura une, si les comptes se salaires étaient menacés, je pense que le trafic de paiements serait sorti du système bancaire en quatre jours. Les États sécuriseraient en priorité, pour des questions politiques et sociales, ce trafic de paiements en le sortant du système bancaire. »
Intervenant 10
« Je voudrais dire une chose simple. Si je regarde le plan de la production de la Terre, je constate que cette dernière n’a jamais rien donné à partir de rien. Il y a de manière automatique toujours eu quelque chose d’abord. Nous sommes censés vivre dans un monde avec un avoir qui est concret, et soyons heureux si de temps en temps nous accordons des crédits. Les solutions pour sortir d’une crise existent, je voulais seulement mettre l’accent sur le fait que nous devons toujours partir de quelque chose pour créer. »
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