L'Italie sort de l'euro

Par Jean-Pierre Gérard, le 5 décembre 2013.

UNION EUROPÉENNE / ZONE EURO

7/7/20248 min read

Origines.

La dégradation des notes de la France, et de l'Italie.

Avec un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) positif, des comptes courants en excédent de 1 % du PIB, des besoins de financement de l’Etat pour 2013 remplis aux deux tiers? Et pourtant, ce pays de rêve pourrait de nouveau donner des migraines à l’Europe. Ce pays, c’est l’Italie qui, mardi soir, a été dégradée d’un rang par l’agence Standard & Poors de BBB+ à BBB, avec une perspective négative. Désormais, la Péninsule n’est plus qu’à deux crans de la catégorie spéculative.

La France arrive pratiquement 100 % d'endettement par rapport au PIB, l'Italie à 130 %.

La divergence entre les compétitivités allemandes, françaises et italiennes ne cessent de se creuser.

La croissance allemande est prévue être positive de 0,5 % à 0,7 %, alors que la France serait en recul d'environ 0,2 %.

Italie est plutôt mal en point, parce que le PIB italien a baissé de 2,4 % 2012, et de 1,9 % environ en 2013, l’évolution pour 2014 est également encore négative.

Le chômage attendu pour 2013 devrait arriver à 12 % pour monter selon les estimations environ 13 % en 2014.

C'est la période choisie le gouvernement italien pour prendre position sur deux réformes majeures :

- repousser la hausse de la TVA.
- Supprimer l'impôt foncier

l'Italie est donc prise en étau entre une croissance négative depuis bientôt trois ans, et une augmentation des remboursements de la dette.

Scénarios

Trois événements peuvent venir provoquer l'évolution des finances européennes et par suite de la construction européenne.

1. Le gouvernement anglais avance la date du référendum à 2014 pour se prononcer sur la poursuite de l'appartenance de l'Angleterre à l'union européenne.

2. La cotation de la dette des pays est encore dégradée à partir du mois de mars. Le déficit public s'aggrave considérablement France en raison de la baisse des recettes fiscales, et de la réduction d'activité.

3. La reprise de l'activité très forte des États-Unis en début d'année, se traduira dans un premier temps par une attraction des capitaux internationaux pour financer l'activité. Cette attractivité sera soutenue par la politique accommodante de la FED. Ce départ des capitaux se traduira par une baisse de la valeur du dollar et une hausse de la valeur de l'euro qui pourrait alors passer à environ 1,40 ou 1,45.

Conséquences

En mai, l'Italie déclare forfait. La crise politique s'installe, Letta donne sa démission sous les coups de boutoir d'un Silvio Berlusconi revenu en grâce. Malgré sa condamnation, celui-ci maintient ses réseaux en fonctionnement et s'il ne peut pas lui-même intervenir en direct, il le fait au travers de ses adjoints.

Pour sortir des difficultés le président de la république italien, soucieux de donner des gages à la commission de Bruxelles, demanda Mario Draghi de revenir en Italie et de prendre la tête du gouvernement. (La supériorité intellectuelle de Mario Draghi devrait lui permettre, ce que n'a pas pu faire Mario Monti, de mettre en place les solutions dans le cadre qui va suivre)

Angela Merkel exige que le président de la Banque Centrale Européenne, soit l'ancien président de la Bundesbank. La chancelière s'inquiète en fait d'un renouveau des tensions inflationnistes en Allemagne, du aux conséquences de l'accord entre la CDU et le SPD. L'instauration d'un salaire minimum, ainsi que tout ce qui a été abandonné par la CDU pour pouvoir assurer la grande coalition.

La première décision du président de la BCE est de relever des taux d'intérêt.

Non seulement les événements naturels conduisent à avoir une croissance de l'activité économique supérieure aux États-Unis, mais la politique de la BCE aggrave encore cette situation en relevant la valeur de l'euro.

Nœud gordien.

Personne n'est en mesure de résoudre la situation posée dans ce carré infernal.

La notation de la dette italienne passe de BBB à BBB-franchement spéculatives. Le spread des taux d'intérêt passent à 400 points de base, inutile de dire que cela aggrave considérablement le coût de la dette italienne, et engendre :

- toute une série d'augmentations d'impôts
- la modification structurelle de l'économie italienne par le développement foisonnant des activités en dehors de tout cadre réglementé. Travail au noir, développement mafieux.

Le président de la BCE refuse de baisser les taux, soutenu en cela par la chancelière allemande.

À la fin du mois de mai, Mario Draghi la mort dans l'âme, constatant l'incapacité de son pays à se maintenir dans l'euro, provoque une réunion des chefs d'État dans laquelle il annonce que l'Italie se met provisoirement en réserve de l'euro. Il donne toutes assurances pour le maintien dans l'union européenne, mais avec la possibilité de laisser l'Italie adapter monétairement son économie.

Le nœud gordien est donc coupé.

Les mécanismes se mettent en place

les échanges ont été très nombreux dans le courant du mois de mai. Tous les mécanismes mis en place ont été sollicités FMI, MES, etc. aucune solution efficace n'a été trouvée. Les désordres italiens se propagent dans tous les pays voisins, font de nouveaux déraper la dette grecque, menacent l'activité de certaines entreprises en France, en Allemagne, et en Angleterre.

L'Espagne et Portugal qui étaient en redémarrage voient leur activité retomber.

L'Angleterre, baisse ses taux d'intérêt pour permettre de soutenir l'activité, qui a d’ailleurs repris en fin 2013.

La réunion des chefs d'État est prévue entre le 25 et le 31 mai, semaine de l'ascension. Elle est maintenue secrète le plus longtemps possible, et les marchés financiers sont tous fermés à compter de l'annonce officielle c'est-à-dire le 17 mai.

Durant cette période de 14 jours, les événements se précipitent :

1. Mario Draghi exige la création des euros Bond par la banque centrale européenne. Ce qu'il aurait lui-même fait s'il était resté à la tête de cette banque centrale. Le refus des pays du Nord est catégorique. Les pays du sud et la France en tête auraient bien voulu la création des euros Bond, mais ne sont pas en mesure de s'opposer au veto allemand, en raison du dérapage de l'activité dans ces pays, et de l'augmentation du chômage concomitante.

2. Devant le refus, Mario Draghi dénonce tous les traités européens signés par l'Italie.

3. L'Italie retrouve son autonomie monétaire, en créant sa monnaie avec une valeur de un euro pour une eurolire. Sur les marchés internationaux, cette eurolire se déprécie dans un premier temps de 40 %, pour ensuite fluctuer et se stabiliser aux alentours de 30 %.

4. Les dettes italiennes sont remboursées en eurolire.

5. Mario Draghi accepte malgré tout que l'Italie reste au sein d'un mécanisme de coopération monétaire entre les pays européens, avec une marge de fluctuation possible autour du nouveau taux pivot de + ou -15 %.

6. La situation italienne est assainie, le commerce extérieur italien est de nouveau très excédentaire, la situation budgétaire s'améliore.. Il n'est pas nécessaire de recourir aux potions amères inventées par le FMI et la commission de Bruxelles.

Pour les autres pays, la difficulté ne fait que commencer. On a à faire face à Allemagne hyper efficace et dont le commerce extérieur continue de s'améliorer, et une Italie qui a retrouvé des marges de manœuvre pour le développement de son économie la croissance prévue pour 2014 pour l'Italie devient alors légèrement positive sur un trend de 3 % en valeur annualisée (contrairement à ce qui était prévu pour une Italie restant dans l’€..

Évolution politique

Le mois de mai est aussi celui des élections européennes.

Dans tous les pays européens, on constatera une montée des organisations plus ou moins nationalistes. Il ne me paraît pas raisonnable de penser que l'extrême droite sortira victorieuse de cette élection. Mais il est incontestable que l'ensemble des structures européennes seront fortement critiquées à cette occasion. Depuis environ deux ans, les organisations para politiques reprennent un peu plus de pouvoir. Elles critiquent la montée de la bureaucratie de Bruxelles, et l'incapacité des différents pays à mener une politique européenne cohérente :

1. Cela entraîne la réaction du Royaume-Uni, et vraisemblablement le référendum d'appartenance à l'union européenne.

2. Cela entraîne le succès du Front National, ainsi que des autres partis soucieux de la souveraineté des nations : debout la république, le Siel, les Chevènementistes, ainsi que tous ceux qui au sein de l'UMP dénoncent la politique européenne telle qu'elle se fait aujourd'hui.

3. L'Espagne et le Portugal, qui commençaient à retrouver une activité économique replongent en raison de la concurrence des activités italiennes. Ces deux pays décident donc de suivre l'Italie et de sortir de l'union monétaire. Les euros escudo et les euros peseta seront dévalués d'environ 20 %.

4. En France, l'activité qui était déjà fortement atone en raison de l'excès de la fiscalité et des dépenses collectives, va replonger. Le pouvoir politique UMP et PS confondus feront tout pour conserver l'euro sous la pression des sociétés et des groupes internationaux.

- Les banques vont se retrouver en difficulté de paiement.

- Les défaillances d'entreprise vont s'accélérer.

- Les créations d'emplois vont se raréfier.

5. Nous sommes au mois de juin, et comme de janvier à avril, l'inquiétude sur l'avenir était moins grande en raison de la timide reprise de l'activité, les tensions sociales s'aggravent, les revendications salariales deviennent plus fortes, le mécontentement politique gagne toutes les couches de la population, l’augmentation de la fiscalité est enfin perçue concrètement par les français, la baisse du pouvoir d’achat avec la hausse de la TVA, une moindre crainte des licenciements tendent à gréer une situation insurrectionnelle.

6. Le président de la république et le premier ministre tâchent de reprendre la main. Malheureusement le socialisme et les équipes en place sont devenus tellement impopulaires que plus rien n'est possible:

- Ni la dissolution qui sera intervenue trop très tardivement.

- Ni la création d'un gouvernement d'union nationale,

- Plus personne ne croit plus personne.

7. Il ne reste plus alors qu'à organiser une consultation populaire de grande ampleur du type des états généraux de la nation. Tout le monde sait comment on rentre dans ces états généraux, mais personne ne peut savoir ce qui en découlera.

Ce qui est sûr, c'est que le système politique devra se réformer de fond en comble et faire disparaître tous les apparatchiks qui sont actuellement aux gouvernements. Un nouveau système politique qui concentre les activités de les cas sur les tâches régaliennes, et qui laisse la quasi-totalité des activités aux mains de responsables décentralisés. On doit aboutir à une « révolution », c'est-à-dire un changement du personnel politique en faveur de tous ceux qui proposent une construction de notre avenir qui s'appuie sur les vraies solidarités et notre identité culturelle qui a fait la richesse et l'efficacité de nos pays par rapport à tous ceux qui introduisent dans leur société le communautarisme synonyme de méfiance(et donc incompatible avec l'activité économique) et le déterminisme de l'inactivité(incompatible avec l'investissement).