Pour une politique favorable aux entreprises
Par Jean-Pierre Gérard, le 13 mars 2014.
ECONOMIE
7/7/20246 min read
Il est clair et net que le problème des entreprises doit être regardé sur une très longue période. Depuis 40 ans, le poids de l’industrie et d’une manière plus générale de toutes les entreprises soumises à la concurrence internationale ont été victime (à l’exception de l’agriculture) d’une mise au pilori anti riches.
Cette méfiance vis-à-vis de ce qu’on appelle les « riches » conduit à la désertification industrielle de notre pays, pour deux raisons,
- la taxation permanente, continue et croissante de l’ensemble du tissu productif a réduit significativement le taux de profit (l’excédent brut d’exploitation rapporté aux capitaux investis). Avec comme conséquence, d’une part une réduction des investissements en France, et d’autre part un développement à l’étranger.
- Le choix de l’internationalisation, y compris avec des pays qui n’ont pas la même culture économique, le même niveau de protection sociale, la même respect des normes édictées, a conduit à une concurrence qu’il est impossible de contrer avec les meilleures stratégies possibles.
En fait la politique économique aujourd’hui dirigée par la commission de l’union européenne s’appuie sur un dogmatisme totalement irresponsable et méconnaissant la réalité de la micro-économie. La commission s’appuie de manière erronée sur le principe des avantages comparatifs sans prendre conscience que cette théorie de la concurrence plus pure et parfaite et non seulement inapplicable (entre des pays aussi différents que la Chine l’Inde et l’ensemble européen), mais qu’elle conduit en outre à une désaffection du monde industriel. Dans cette théorie, le facteur temps n’existe pas, alors que dans la réalité il faut entre 10 et 15 ans pour monter et mener à son terme un projet industriel. Dans cette période il faut un minimum de stabilité économique.
L’ensemble de la haute administration n’a de cesse de vanter la compétitivité des entreprises françaises, et la forte productivité des personnels des entreprises françaises. Ces deux concepts utilisés à tort et à travers conduisent à des erreurs de raisonnement dramatique.
- Par définition, toute entreprise existante est compétitive. La compétitivité ne peut avoir qu’une définition dynamique, mesurée par la variation de ses parts de marché. Si l’on regarde ce critère, les entreprises françaises sont pratiquement toutes non compétitives car années après année elles perdent des parts de marché.
- La productivité des personnels est également un concept utilisé de travers. Pour qu’une entreprise puisse continuer de travailler en France et maintenir vaille que vaille sa part de marché, (même en cas de décroissance), il est indispensable que les personnels soient les plus productif possible. Ceux qui ne le sont pas, sont irrémédiablement condamnées au chômage. La productivité réelle du pays devrait intégrer non seulement la productivité telle qu’elle est mesurée dans les entreprises, mais en en faisant la moyenne avec la productivité des chômeurs voire même des administrations. Je suis convaincu, que la productivité moyenne de l’ensemble des personnels français serait en dessous et très largement de la productivité suédoise, canadienne, australienne etc.
Enfin il est essentiel de renforcer le poids des activités productives car ce sont les seules qui permettent de garder la maitrise des grands équilibres macroéconomiques :
- l’équilibre du commerce extérieur qui permet d’acheter les produits dont nous ne pouvons disposer sur le territoire national.
- De maitriser l’inflation par les gains de productivité que seule les activités de production peuvent avoir, permettant ainsi de contrebalancer l’inflation par les couts dans les services et les administrations.
Il s’agit donc bien de mener une politique complète cohérente et déterminée sur plusieurs années, au moins cinq. Je propose donc des mesures qui pour nombre d’entre elles ne produiront pas d’effet immédiat, et auront sans doute des débuts difficiles. Je propose donc d’accès notre message sur les points suivants :
- sur les aspects politiques et administratifs, entamer une explication complète sur l’avenir industriel de notre pays. Cela ne pourra se faire que dans le cadre d’un plan élaboré par l’ensemble des « partenaires sociaux » à partir d’une réflexion plus complète sur les concepts pertinents pour appréhender les problèmes. Cela signifie en particulier :
1- toujours privilégier la fiscalité sur les personnes plutôt que sur les entreprises.
2- Créer un ministère de la recherche technique et de l’industrie.
3- Supprimer toutes les aides à l’industrie en contrepartie d’un allongement de la durée du travail à la fois de manière hebdomadaire et sur la vie entière. À cet égard reprendre l’idée que je trouve très intéressante de retarder l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans, avec en contrepartie la baisse de 20 % des charges sociales par an qui viendrait augmenter le salaire net des futurs retraités.
- Imaginer un contrat de participation pour associer à la gestion d’entreprise et au risque d’entreprise un certain nombre de salariés (voir le texte que j’ai déjà rédigé) - bien évidemment reprendre toutes les mesures macro-économiques que nous avons déjà soumises à savoir
# une préférence communautaire
# Si possible une sortie de l’euro avec rééquilibrage des monnaies au niveau européen et à tout le moins une TVA sociale .
# La rédaction d’une loi de la préférence nationale pour les entreprises de taille moyenne (<1000 personnes)
# le maintien du crédit impôt recherche, et éventuellement son élargissement au crédit impôt exportation.
# D’une manière générale, que les collectivités territoriales et nationales proposent les mêmes avantages aux entreprises françaises que ceux qu’elles proposent aux entreprises étrangères dans le cadre des investissements étrangers en France. (Égalité de traitement, au minimum, et plutôt préférence pour les nationaux)
- Développer également les études micro-économiques en utilisant la centrale des bilans de la Banque de France, et en la mettant à la disposition organismes économiques habitués à traiter les problèmes de micro-économie. Cette approche permettra de mener une véritable formation sur la notion de profit.
# Le profit des entreprises permet au niveau national de compenser les pertes des échecs. Le problème français est que nous avons proportionnellement trop peu d’échecs en raison de l’insuffisance des profits comparativement aux autres pays développés.
# Les actionnaires de sociétés non cotées, ne sont pas riches au sens où on l’entend en France, y compris quand ils ne sont pas dirigeants dans la société.
Supprimer la judiciarisation des actes de gestion.
Libérer complètement la gestion des entreprises, en associant éventuellement les salariés ayant choisi le contrat de participation pour définir les grandes orientations.
À plus court terme faire des économies sur tout ce qui pèse sur les entreprises
– supprimer toutes les taxes parafiscales qui doivent être au nombre d’une centaine et qui ne servent qu’à financer des programmes inutiles. En tout état de cause, les organismes financés par des taxes parafiscales devraient pouvoir trouver leur propre clientèle (CETIM, centre technique de l’horlogerie, centre scientifique et technique du bâtiment etc. dont les ressources parafiscales sont très largement sous utilisées)
– réduire la taxation de la formation professionnelle qui est largement sur financée et qui donne lieu à des gaspillages considérables.
La politique industrielle de l’État doit être une politique d’achat des besoins spécifiques de l’État. En aucun cas il ne doit s’agir d’intervention dans la structure industrielle des « filières ». Toutes les interventions sur les structures ont toujours été des catastrophes (plan machine-outil, plan mesure, plan calcul etc.) en revanche la politique d’acheteurs publics lorsqu’elle a été bien menée a conduit à l’émergence de champions nationaux. C’est ainsi qu’ont été construit Alsthom, EADS, les fournisseurs de la RATP, Areva etc. je pense qu’une telle approche est la seule souhaitable. Les fournisseurs de la Défense nationale ont acquis une prééminence technique que les programmes militaires ont rendu possible durant toute la période 1960-1980. Nous vivons d’ailleurs encore sur ses programmes industriels qui s’appellent Airbus, Arianespace, centrale nucléaire, etc. pour l’instant rien a pris le relais et il faudrait que nous redéfinissions une nouvelle ambition industrielle. Celle-ci pourrait avoir trait à la politique énergétique en particulier sur la production, le stockage, et la distribution selon des méthodes tout à fait nouvelles (production d’hydrogène par exemple)
Au total, il faudrait se donner une ambition de faire remonter la part du système productif dans la production nationale (c’est-à-dire agriculture plus industrie ainsi que certains services) à environ 35 % du PIB. Nous sommes aujourd’hui à environ 25 %.
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