Présidentielles 2022 : rien n’est joué !

Rédigé le 7 octobre 2022

SCÉNARIOS

Par Christian Desprès

7/7/20243 min read

La situation commence à se décanter en ce qui concerne les déclarations de candidature. La présence d’un outsider aventureux marque le paysage, mais les jeux sont loin d’être faits. Le corps électoral adore s’émoustiller en amont, dans l’espoir d’être témoin de débats passionnés. Et puis, le moment venu, il cède à ses préventions, s’exprime de manière retenue, ou s’abstient.

Faisons d’abord le point de la situation en rappelant le plus récent sondage.
En ce qui concerne la gauche :
– gauche extrême : 4%
– Montebourg : 2%
– Hidalgo : 6%, à la baisse
– Jadot : 6% à la hausse
– Mélenchon : 11%

La déroute de la maire de Paris, qui semble n’avoir pas su séduire les électeurs extérieurs au boulevard périphérique, devrait l’amener à fusionner avec Jadot, portant son score à 12%. Sur cette lancée, et parce que le leader écologiste offre une représentation pas trop rebutante de son idéologie, il pourrait grappiller quelques points chez Montebourg et chez les extrêmes.

Positionnons le ainsi à 14% et le voilà numéro 1 de la gauche, dont le total des intentions de vote est historiquement bas, 29%.

En ce qui concerne la droite :
– Ensemble des « petits candidats » : 4%
– Bertrand : 13%
– LePen:15%
– Zemmour : 17%.
Trois questions se posent :

1. la droite « classique » restera-t-elle unie, ou, comme ce fut le cas en 1995 avec le duel Balladur-Chirac, va-t-elle se chamailler ? On pourrait imaginer qu’un tel duel permettrait de trancher proprement la situation et de ratisser large dans la perspective de maximiser les suffrages du deuxième tout !

Mais la situation n’offre pas le confort de 1995, quand ensemble, au premier tour, les candidats de la droite ont pu totaliser près de 40% des suffrages.

Il va donc falloir choisir, entre Barnier, Bertrand et Pécresse, le candidat le plus à même de rassembler dès le premier tour. Le prélèvement pourra se faire soit sur le centre (Macron), soit sur la droite plus extrême. Ce n’est pas Marine Le Pen, dont l’électoral résiduel est fidélisé qui devrait en pâtir.

2. Jusqu’à quelle altitude Zemmour va-t-il s’envoler ? A l’inverse des intentions de vote que les sondages recensaient, en son temps, pour Jean-Marie Le Pen, sus évaluées, les intentions de vote pour Zemmour peuvent paraître aujourd’hui sur-évaluées. L’expression du vote Zemmour n’entraine pas l’opprobre social. On ne renonce pas à la confesser, voire on s’en délecte comme d’une douce provocation.

De notre point de vue, la candidature Zemmour n’ira pas jusqu’au bout. Elle est certes beaucoup plus crédible que celle d’autres trublions qui ont tenté la même aventure, mais dans la durée, il apparaît peu à peu qu’un talentueux polémiste ne réunit pas la diversité des qualités que requière l’exercice de la plus haute responsabilité nationale.

Exit Zemmour. Mais il serait simpliste d’en déduire que ses intentions de vote vont se reporter sur les deux autres candidats de droite. Macron, encore une fois est en embuscade !

3. Quel niveau d’ambigüité Macron saura-t’il entretenir ? S’il se pose en candidat du centre, capable de répondre à la fois à des enjeux de gauche et à des enjeux de droite, Macron est en réalité un candidat objectivement de droite. Et comme il ne lui aura pas échappé que la dynamique électorale générale est orientée vers la droite dure, faisons lui confiance pour entonner les refrains qui seront agréables à son électorat. Ses positions sur l’immigration et l’Algérie font partie des premiers jalons. Bientôt il se déclarera foncièrement pro-nucléaire et plus tard se fera l’apôtre d’un renforcement de l’autorité et de la rigueur pénale.

Il n’est en fait pas tellement éloigné de Zemmour. Un éventuel débat prouverait leurs convergences.

C’est donc en trois qu’il va falloir diviser son capital électoral. Parce qu’elle a trop déçu, seule une maigre portion retournera chez Marine le Pen, disons 2%.
Admettons pour simplifier que le reliquat se répartisse à parts égales entre le candidat LR et Macron. Nous aurions au final, à l’issue du premier tour les scores suivants :
– Jadot : 14%
– Mélenchon : 12%
– Divers gauche : 3%
– Macron : 30%
– LR : 21% Le Pen : 17%
– Divers droite : 3%

Le second tour serait alors très « ouvert ». Le vainqueur serait le finaliste qui parviendrait à capter un maximum des voix de gauche…